Les parents servent ils vraiment à quelque chose?

Il est impossible de faire une carrière avec les parents a nos côtés. J'en suis certain aujourd'hui Comment voulez vous progresser, grandir, apprendre, mûrir, avec vos géniteurs sur vos talons ? Pour avoir passé un peu de temps sur le Minvert/Cadet moi-même puis avec un team d'ados pour Moto Evasion, mon expérience est faite, et mon avis sans appel:

Les parents vous sur-protégeront : comment devenir dur, combatif, et construire l'homme que vous serez, avec votre daron qui vous appelle par le même surnom de vos 5 ans ? Les parents ne sont pas objectifs : vous vous faites méchamment block-passer a l'exter ? Ils crieront après le concurrent (et ses parents) avant même de vous demander pourquoi vous n'avez pas fermé la porte a l'inter ! Les parents sont violents : Combien de mots durs, de cris, de bousculades, de gifles…et même de coups de poings ai-je pu voir… Le fait que cela soit notre propre sang, n'empêche pas le respect. C'est tellement facile de maltraiter un enfant. Ne serait ce point une vengeance de la société qui nous maltraite ? C'est en tout cas pathétique, lâche et inexcusable. Mais j'ai une bonne nouvelle : ils le paient toujours ensuite, tôt…ou tard.

Les parents sont également trop aimants ! Non, une belle remontée a la 4eme place ne sera jamais mieux qu'un Holeshot en finissant 3eme ! Non, faire de son mieux sur une course n'est pas suffisant si l'on ne s'entraine pas la semaine et les mois précédents. Et non, des bons résultats n'excusent pas le fait que votre fils est un petit con fini.

Les parents sont has-been : Entre ceux qui ont roulé un peu,vous parlant de motos que vous n'avez jamais vu (a part peut être pour rigoler sur "le bon coin", type 500 ou 125CR), et ceux qui n'en ont jamais fait vous disant que le double passe "facile" malgré les ornières a l'appel, vous n'êtes pas rendus !

Les parents, c'est de la glue ! Vous avez 22 ans, vous êtes autonomes financièrement, vous avez une copine sérieuse, mais essayez donc d'aller seul sur une course, ou de les remercier en leur disant que c'est a vous de jouer. Pas gagné pour vous, comme pour Villopoto, Dungey, Roczen, etc… Je vous le dis : les parents sont le plus gros frein a votre carriere.

D'un autre côté… Quel bonheur d'avoir des parents qui s'habillent en Troy Lee et des casquettes Snapback, capables de se servir d'Internet, de prendre l'avion, de discuter avec vous des journées entières… Car si on compare avec les parents de nos potes de classe, qui parlent apéro, chasse, boulot, habillés Eden Park/Lacoste et qui ne comprennent rien a rien…

Quel bonheur d'apprendre, de découvrir de nouvelles régions, de nouveaux pays, de nouvelles langues, de s'aider et de progresser ensembles. Quel bonheur de vibrer ensemble pour ce premier point en ligue, ou ce podium aux US !

Quel bonheur d'avoir des parents généreux qui passent leurs économie sur vous (pire investissement qu'il soit, reconnaissez le), au lieu d'une résidence secondaire, ou d'un trip aux Maldives !

Quel bonheur de sentir la fierté dans leurs yeux, quel plaisir de s'étreindre après cette belle course, et de refaire la journée sur la route du retour Quel bonheur, de pouvoir renverser des montagnes pour leur montrer qui vous êtes vraiment.

Alors que faire ? Pendant toute ma carrière, j'ai choisi de tout partager avec eux. je l'assume. J'aurais pu faire mieux sans eux, c'est certain. Des coups de pieds m'auraient fait du bien, de la pression m'aurait métamorphosé, transcendé et j'aurais comme Tortelli partant a l'insep avec Jacky Vimond, ou Ferrandis chez David Hauquier, appris beaucoup plus, plus vite…ou pas. En tout cas, je ne regrette rien.

Qui aurait fait 500Km, en pleine nuit, me ramenant dans le meilleur hôpital avec un Tibia/péroné cassé/déplacé ? Qui aurait traversé toute les pistes de Roggenburg dans la boue pour me montrer, couché dans l'herbe, la meilleure trace dans cette côte impraticable alors que j'étais 3 du GP ? Qui m'aurait attendu a l'arrivée, trempée, les deux bras levés avec le panneau pour célébrer ce podium ? Qui m'aurait fait 1000 fois le même plat si cela avait pu me faire gagner 1 dixième ? Qui aurait passé des nuits et des jours a refaire mes suspensions pour m'éviter le mal de bras et des par-devant au freinage ?

Qui aurait accepté que je me mette derrière une grille de Supercross, alors que quasiment tous les WE, un pilote se blessait grièvement ?

J'ai été seul sur peu de courses, mais a Sacramento (Hangtown), alors que je suis seul comme un chien au fond de l'hôpital, hurlant et me voyant mourir, dieu que je vous ai aimé et que vous m'avez manqué... Mais plus encore, sur le même circuit, partant dernier et remontant 10, doublant les officiels Suzuki US, j'y ai livré sans doute la plus belle course de ma vie. Mais sans vous ce n'avait pas la même valeur…