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Philippe Chainé

  • Entrevue: Isa More Photos: Marianne Brodeur
  • 25 nov. 2015
  • 6 min de lecture

I.M: Philippe Chainé, impossible de passer sous silence ta saison 2015:

38 courses, 200 heures de moto (et on ne parle pas des heures passées dans le garage!), médaillé d'or en Sovlakie aux ISDE (considérés comme les Jeux Olympiques de l'Enduro), 2ème dans la catégorie experts en Endurocross/FMSQ, 1er chez les experts en Enduro/FMSQ et 14ème au championnat américain du GNCC XC2. Est-ce que ça t'arrive encore de pleurer ta maman dans ton casque pendant une course, malgré toute ton expérience (rires)?

PC: (Rires). J'ai encore autant de plaisir et d'émotions à rouler et à me battre pour bien performer, mais le stress est beaucoup moins présent qu'avant. Mais il revient toujours dans les courses de calibre international, surtout avec ton entourage qui veut absolument que tu performes et que tu donnes ton 110%! Il y a aussi la peur qui est moins présente, car je sais à quoi m'attendre maintenant, j'ai plus de vécu!

I.M: Tu roules avec deux 250XC-f, comment tu choisis l'une ou l'autre quand tu pars pour une ride?

PC: J'ai fait autant de courses avec les deux motos. Je te dirais que les deux motos sont identiques, à part le réglage de la suspension qui est différent. J'ai, pour l'une, un réglage assez mou pour les courses techniques -avec beaucoup de racines et de roches- et, avec pour l'autre, un réglage plus dur pour les courses rapides comme le style GNCC des USA. J'en ai une troisième aussi, un peu plus différente que les deux autres, mais que j'utilise seulement pour les ISDE, car avec le voyagement par bateau et par camion, la moto part pour environ quatre à cinq mois.

I.M: Alexandre Gougeon a dit, cet été, que ton expérience américaine au GNCC te donne une

sérieuse avance sur tes compétiteurs pour la saison qui suit. Vitesse, technique, expérience, endurance, quelle est ta plus grande force parmi toutes ces qualités?

PC: (Rires). Oui, je pense que la meilleure façon de prendre de la vitesse et de l'expérience, c'est de rouler le plus possible avec des gars plus vite que soi pour vraiment dépasser nos limites. C'est vraiment la façon la plus efficace de s'améliorer rapidement.

Ma plus grande force je pense que c'est ma technique; le fait de prendre toujours les meilleures lignes possibles. Ce qui, en fait, m'aide à être plus endurant. Le meilleur exemple, c'est que je fais mes meilleurs tours toujours à la fin de la course.

I.M: Tu as participé trois fois aux ISDE, laquelle des fois est la plus mémorable à tes yeux: Argentine, Sovlakie ou Italie? As-tu une anecdote à partager avec nous?

PC: Trois bonnes expériences! La première en Italie: j'ai du abandonner au quatrième jour, après être tombé dans les roches au sommet d'une montagne. Je m'étais ouvert l'avant bras sur six pouces, au point d'avoir des fragments de roches plantés dans mon os. Je me suis entouré le bras avec du tape électrique, et après deux heures de moto, j'ai réussi à rejoindre le point de contrôle et les ambulanciers.

Le deuxième, en Argentine, c'était un dépaysement total, avec le désert et les dunes de sable et la poussière si fine. Il fallait surveiller ses pieds quand nous marchions dans le désert, avec les nombreux scorpions et les tarentules. Ce fut toute une expérience! C'est la première fois aussi que je finissais les six jours et j'ai réussi à ramener une médaille d'argent.

La troisième ISDE, en Slovaquie, c'est ma préférée, de loin, avec le paysage qui ressemble à chez nous: les grandes forêts, les montagnes, les ruisseaux et surtout mon style de terrain, où je performe le mieux. Finalement, j'ai réussi à ramener une médaille d'or après plus de quarante heures de moto!

I.M: Le GNCC est une organisation sur laquelle on pourrait beaucoup apprendre en terme d'organisation pour les courses d'enduro (on dit de cross country aux USA, -rires-!). Qu'est-ce qui la démarque de nos fédérations québécoises de motocross?

PC: Je pense que nous ne sommes pas si loin d'eux en termes de coureurs et de population, mais la grosse différence est vraiment du côté des commanditaires et de l'argent qui est investi dans cette série. Ils ont plusieurs 53 pieds pour transporter leurs équipements et une cinquantaine d'employés qui travaillent à l'année longue. Aussi, plusieurs pilotes gagnent vraiment bien leur vie dans cette série. Nous pouvons apprendre beaucoup de cette série pour s'améliorer.

IM: Quand tu compétitionnes avec les meilleurs coureurs internationaux aux USA à Unadilla ou en Europe à Kosice cette année. Que peux-tu dire du niveau canadien?

PC: (Rires). Je pense que notre niveau n'est pas encore tout à fait au niveau élevé de plusieurs pays comme la France, les USA, l'Australie, l'Espagne... Mais avec notre climat qui nous permet juste de rouler environ six

à sept mois par année, notre progression est beaucoup moins rapide que si nous pouvions rouler douze mois par année, comme la plupart des meilleurs coureurs d'ailleurs.

Mais nous sommes de plus en plus de coureurs canadiens qui s'améliorent et s'entrainent pour être parmi les cent meilleurs au monde un jour.

IM: Que faudra t'il faire en 2016 pour ravir la première place à Loïc Léonard chez les experts?

PC: (Rires). Dormir, dormir, dormir plus et se concentrer seulement sur les courses.

IM: Ta famille vient du milieu du MX, mais tu t'entêtes à rester dans les chemins escarpés et boisés plutôt que sur des tracks relativement lisses (rires)?

PC: Mon oncle et mon père,

après leur carrière de MX, se

sont en fait recyclés à

l'enduro et ils

m'ont fait découvrir la discipline. Coup de foudre.

IM: Entre Unadilla et Steele Creek, quelle est la course qui t'a le plus fait tripper? Et pourquoi?

PC: Unadilla, avec sa track de MX exceptionnelle, les dizaines de lignes de courses, le monde sur le site, la piste ultra rapide... Unadilla est la piste à faire de la série GNCC.

IM: Ça veut dire quoi bien gérer ses lignes pour Philippe Chaîné?

PC: C'est simplement de prendre toujours les lignes les plus faciles et rapides sans se faire brasser et perdre de l'énergie pour rien. C'est la clé pour rouler le plus vite possible pendant trois heures.

IM: En 2011, tu as eu un grave accident qui aurait pu te laisser paraplégique. Est-ce que ça change la perspective dans tes courses?

PC: La seule différence, c'est que j'apprécie beaucoup plus chaque moment passé sur ma moto et je veux juste profiter de la chance que j'ai encore d'en faire aujourd'hui et de vivre ma vie à fond et dans le moment présent.

IM: Entre le brouillard, les roches, la bouette, les racines invisibles, la mauvaise température et les foulures, cassures, coupures imprévisibles, qu'est-ce qui t'énerve le plus en pleine course?

PC: (Rires). Il n'y a rien qui m'énerve!!!

IM: On dit que la course Le Corduroy est la plus difficile au Canada, pourquoi? Tu as un exemple du niveau de difficulté?

PC: À vrai dire, tout le monde dit que la course Le Corduroy est la plus difficile, mais

c'est l'Enduro de La Doré au Québec, depuis les deux dernières années, qui est la course la plus difficile au Canada, et de loin! Avec les sections de montées de rivières, les grandes côtes de roches glissantes, les murs de roches de quatre pieds de haut à franchir dans des côtes, une côte presque impossible à monter du premier coup... Seulement 10% du monde finit la course dans le temps demandé, cela est de niveau de difficulté élevé.

IM: Ta meilleure technique pour sortir d'un trou massif de boue?

PC: (Rires) Pour ma part, le meilleur moyen: Ne reste pas pris dans un trou de boue!

Mais si jamais ça m'arrive, je sors ma roue avant en premier du trou et après, j'enlève ma roue arrière du trou et je mets tout mon poids sur les pegs pour donner beaucoup de traction à ma roue arrière et je me mets en 2ème vitesse et je donne du gaz et je ne le lâche pas.

IM: Comment expliques-tu ça que, nous les riders, malgré les hauts et les bas, les déceptions et les blessures, la colère, la perte de pilotes très chers dans nos coeurs et tout l'argent que cela nous coûte, on continue toujours avec la même passion?

PC: L'important est d'être toujours heureux dans la vie et je pense que chaque seconde que nous passons sur nos motos, ça nous rend heureux tout simplement. C'est pour cela que je pense que ça vaut la peine de faire notre super passion qui est le motocross, malgré de nombreux événements qui parfois nous donnent le goût de tout abandonner.

Merci Philippe et bon hiver!


 
 
 
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