Nitro Circus, un chaos organisé!
Un show de Nitro Circus, on n'oublie jamais ça.
J'avais déjà pris la route
pour Hamilton,
avec un arrêt de dix minutes seulement pour pogner vite fait un thé, afin de voir leur show de la tournée canadienne 2014.
J'étais revenue avec une genre de bursite de l'épaule qui m'avait fait souffrir pendant de longs mois (trop d'heures de conduite d'un coup dans une mauvaise position!).
Il était donc hors de question de rater le spectacle dans ma propre ville, dans notre Centre Bell.
J'avais déjà baptisé ce spectacle comme mon Best Show Ever, à cause de ses cascades spectaculaires, de ses athlètes volant dans toutes les directions, de sa pyrotechnie, de ses big ramps impressionnantes, de ses trains d'une douzaine de riders FMX et BMX qui sautent et atterrissent les uns après les autres, de sa synchronicité, de sa folie, et ce, dans toutes les disciplines que j'aime le plus: cheval à bascule, baignoire, tricycle, canapé, brouette et auto de Barbie.
Bacskage Nitro Circus Montréal 2015.
Je suis escortée par Christine Montreuil, des relations publiques pour Evenko, terriblement accueillante et solidaire.
Elle est contente de voir plus de femmes représenter le monde du motocross.
J'arrive dans le coeur du cirque de Travis Pastrana (fondateur du Nitro Circus et 17 fois médaillé aux XGames).
J'explore le calme avant la tempête.
Je n'ose pas prendre de photos.
Les motards les plus téméraires du monde jasent tranquillement autour de leurs machines rutilantes et je suis contente de voir que le canadien Bruce Cook, qui vient de faire un backflip à Toronto le soir d'avant -en tant que paraplégique-, va remettre ça ce soir. Je reconnais sa Kawa modifiée: elle a une cage pour placer autour de ses jambes.
Le soir de son accident en janvier 2014, j'étais là, à Hamilton.
Bruce Cook essayait de battre un nouveau record mondial avec un double flip avant.
Son landing fut brutal, mais dès le lendemain de son accident, il n'avait qu'une idée en tête: quand re-monter et quand re-sauter.
Ses hommes au coeur de lion sont inspirants et j'aurai une larme à l'oeil de le voir réussir son trick plus tard dans la soirée.
Certains se plaignent pour rien, quand d'autres transcendent le courage avec leur force mentale et leur résilience.
On marche dans les couloirs, et à chaque porte se préparent des athlètes.
Des champions de la cascade en bobettes, des étirements, de la concentration.
Nous savons malheureusement que Travis n'a pas pu se rendre disponible pour nous ce soir, mais le promoteur de Nitro m'a promis plusieurs athlètes de FMX, dont Josh Sheehaan (athlète australien qui vient de battre un record dans l'histoire avec son triple back flip et qui obtiendra la troisième place du podium aux RedBull XFighters à AbuDhabi le 30 octobre 2015). Sheehan? Ce n'est pas les questions qui me manquent!
Quand on arrive finalement dans la salle de médias improvisée, c'est plutôt Jarryd McNeil qui nous acceuille. Je l'avais contacté à Las Vegas au
Monster Cup 2014 car il venait de remporter le meilleur whip. C'était donc un plaisir de retrouver le petit homme, tout relax, sur sa chaise de plastique.
Je suis nerveuse. Qui suis-je devant ses preneurs quotidiens de risque?
Jarryd McNeil commence par nous promettre un spectacle tout en couleurs et en vols, puis les questions s'enchaînent.
On discute du facteur peur, des risques, de la tournée canadienne, de leur job de rêve, mais aussi de leurs horaires de dingues, puisqu'il repart justement le lendemain matin avec Josh Shehaan pour les qualifications de freestyle à Las Vegas et qu'il doit revenir pour le show de dimanche à Detroit.
Puis, arrive le clown de service, la cerise sur le sundae: Blake Bilko Williams (premier rider non américain à gagner une médaille d'or en freestyle aux USA). Il enregistre Darryd à son insu, lui fait des cornes au-dessus de la tête et nous fait pouffer de rire avec ses blagues qu'il enchaîne les unes après les autres, avec un accent australien à couper au couteau.
Bilko (qui est avec le cirque Nitro depuis 2010) nous avoue que même si c'est son 160ème show environ ce soir, il est toujours animé par cette même passion. Il nous partage ses expériences et son bonheur de vivre de son deux roues.
Et nous rejoint enfin..., Josh Sheehan, plus réservé que les deux autres, mais aussi emballé par son métier et ses défis que les deux autres. On aborde le triple saut arrière et comment-ça-change-une-vie, Pastrana, Knievel, l'évolution du freestyle. Bref, une heure de pur bonheur avec trois freestylers généreux et sympathiques, terre-à-terre et accessibles, dont le talent à eux trois nous rend tout petits.
Nous repartons ensemble sur la scène et Sheehan commence à me demander si il prononce bien les phrases de français que Tom Pagès lui apprend quand les deux amis se rencontrent dans des compétitions ou en tournée. Je le conseille sur celles qu'il ne faut surtout pas répéter et on rigole de son accent pourri, mais c'est le temps pour eux de se préparer. Les VIP viennent de rentrer dans l'antre du Centre Bell et les gars doivent commencer leur show. Travis Pastrana est arrivé et il va sauter du plafond pour présenter son Nitro Circus d'une minute à l'autre.
Il me faut une bière à 15 dollars pour fêter cette rencontre humaine et sportive.
Il me faut rejoindre ma passion à moi aussi.
Le reste n'est qu'une continuité de tricks les plus impressionnants les uns que les autres.
Nous restons tous abasourdis par la prise de risques de ces pilotes d'exception et d'une incroyable maîtrise.
Tout est une suite de figures audacieuses, raides dingues, d'exploits inhumains qui nous font dire au bout de deux heures d'explosions du coeur:
Best show ever.